Dom Helder Camara naît dans une Église catholique très hostile aux idées et institutions qui n’ont pas son label.
Au séminaire, il apprend à les dénoncer et les combattre. Il sera par la suite un grand témoin et acteur de « conversions » historiques qui seront validées par le concile Vatican II (1962-1965).
Pour l’Église catholique, comme pour les autres communautés chrétiennes, le XXè siècle n’a pas été un long fleuve tranquille. Séduction de pouvoirs totalitaires et persécutions d’État, philosophies du doute, contestation des institutions, sécularisation des cultures et des mœurs, affranchissement des dogmes, préceptes et pratiques traditionnels, relativisation sous l’effet de l’émergence des sectes, de l’islam ou des religions orientales, affaiblissement du catholicisme européen par rapport à son dynamisme en d’autres continents…
Autant d’épreuves qui ont nourri, bien sûr, des nostalgies de chrétienté et des ambitions de reconquête mais surtout, en définitive, un regard renouvelé de l’Église sur elle-même et sur son rapport au monde. Une Église « servante » de l’humanité et non pas impériale, « peuple de Dieu » et non pas cléricale, dialoguant et non pas autoritaire.
Les travaux, souvent contestés, d’une génération de théologiens, philosophes, exégètes, pasteurs, etc. ont longuement préparé ce renouvellement de vision et de posture. D’importants mouvements les ont relayés : mouvements d’Action catholique, œcuméniques, bibliques, liturgiques, missionnaires… De grands témoins leur ont donné crédit, tel Jean XXIII pour n’en citer qu’un. Un siècle après le Syllabus du pape Pie IX, qui condamnait toutes les « idées nouvelles » issues de la Révolution française, il était clair que l’Église était pour les droits de l’homme, pour la démocratie, pour la justice sociale et internationale comme condition de la paix, pour le respect dû à toutes les Églises, religions et croyances.
Les 3 000 évêques catholiques réunis en concile par Jean XXIII ont signé les constitutions et décrets qui constituent la charte de cet aggiornamento. Sa mise en œuvre n’a pas connu partout le même consensus. Elle a eu et a encore des accents et des rythmes divers selon les continents, voire les pays. C’est sans doute en Amérique latine qu’elle a eu le plus d’effets, avec les conférences successives de Medellin (1968), Puebla (1979), Saint Domingue (1992) et Aparecida (2007).