Fortaleza, Rio, Recife...
A Fortaleza :
A Fortaleza (1931-1936), Dom Manoel da Silva Gomes étant archevêque.
Intense activité sociale et politique, à la demande ou avec l’accord de l’archevêque, , dans une optique salazariste de construction d’une chrétienté face au menaces du communisme athée. Création et développement de la Légion du Travail du Ceará, des Cercles ouvriers, de la Jeunesse ouvrière catholique, du Syndicat des ouvrières catholiques, de la Ligue des Professeurs catholiques (1931-1933).
Adhésion à l’Action Intégraliste Brésilienne (1932). Campagnes électorales de 1933 et 1934, remportées par la Ligue électorale catholique. Engagement avec la Confédération catholique de l’éducation contre les visées laïques de l’Association brésilienne de l’éducation (1934) Directeur du département de l’instruction publique de l’État du Ceará (1935).
« Déçu par la politique et le pouvoir, éprouvé par la mort de sa mère, [le P. Helder] quitte Fortaleza pour Rio de Janeiro au début de 1936 » (Luis Carlos Luz Marques).
A Rio de Janeiro :
A Rio de Janeiro (1936-1942), le cardinal Leme étant archevêque.
Intense maturation culturelle et spirituelle.
Conformément à la discipline du diocèse et à sa propre inclination, le P. Helder se retire de ses engagements politiques. Fonctionnaire dans les services du Secrétariat de l’éducation du district fédéral de l’éducation, puis (1939) comme chef de la section des études et recherches de l’Institut national des études pédagogiques et expert auprès d’autres départements du ministère fédéral de l’éducation. Sans affectation pastorale, mais actif dans plusieurs instances ecclésiastiques : rédacteur en chef de la Revista Brasilieira de Pedagogia, Conseil archidiocésain de l’enseignement religieux, assistant du secrétariat de l’éducation de l’Action catholique, cours de didactique générale aux Facultés catholiques de Rio de Janeiro et à la Faculté de philosophie de l’Institut Sainte Ursule…
Plus interpersonnelles que fonctionnelles, les relations qui se nouent autour du prêtre donnent naissance à ce qu’il appellera sa « Famille », qui partagera sa conception de l’« apostolat occulte » et qui ne cessera de s’étendre au gré de ses engagements ultérieurs. Forte empreinte d’un livre sur François d’Assise et la révolution sociale (Montevideo, 1940).
Avec toute une partie de l’intelligentsia catholique, le P. Helder est profondément marqué par la lecture de l’Humanisme intégral (1936), puis de Christianisme et démocratie (1943) de Jacques Maritain, prélude au Feu la chrétienté d’Emmanuel Mounier (1950).
A Rio de Janeiro (1942-1964), le cardinal Jaime de Barros Câmara étant archevêque.
Intense activité ecclésiale, médiatique et de partenariat avec les pouvoirs.
Le cardinal autorise le P. Helder à se démettre de ses fonctions au ministère de l’éducation et lui confie la charge de l’Action catholique (1946) dont il sera vice-assistant national l’année suivante. Plan national d’action sociale (1946), coordination nationale (1947), Semaines sociales, création de la JOC brésilienne (par le P. José Tavora, 1948), puis d’autres mouvements spécialisés (JEC, JUC, JAC, JIC, 1950). L’Église découvre et prend en compte les réalités de la société brésilienne. Elle élabore un Plan pastoral d’urgence (1962), développé en Plan de pastorale d’ensemble (1965).
Le P. Helder, promu Monseigneur (1948), est chargé d’organiser et de conduire le pèlerinage brésilien à Rome pour l’Année sainte (1950). Premier contact avec Mgr Montini, futur Paul VI. D’où résultera la création de la Conférence nationale des évêques du Brésil (1952), dont il sera secrétaire général jusqu’en 1964. A ce titre, il est le consultant autorisé auprès du nonce apostolique, successivement Mgr Chiarlo (1949-1954) et Mgr Lombardi (1954-1964).
Désigné officieusement par le cardinal intermédiaire entre les pouvoirs et l’Église. L’éclat du Congrès eucharistique international (1955), la Croisade de Saint-Sébastien (1955), la Banque de la Providence (1959), le plan de développement du Nord-Est (SUDENE, 1959), les pressions pour des réformes de base, le Mouvement d’éducation de base (MEB, 1960-61) peuvent, parmi d’autres initiatives, être portées au crédit des concertations conduites par Dom Helder. Grande popularité : Dom Helder accepte toutes les invitations à la radio et à la télévision.
Participation assidue et active aux quatre sessions du concile Vatican II (1962-1965).
A Recife :
A Recife (1964-1985), archevêque titulaire d’Olinda et Recife.
Épreuves, pastorale et prophétisme.
La CNBB ne renouvelle pas Dom Helder dans ses fonctions (1964). Dénonciations et suspicions récurrentes jusqu’au Vatican. Doutes émis sur la confiance de Paul VI (1969-70). Vigilance confiante d’abord puis critique et éloquente à l’égard des principes et pratiques mis en œuvre par la Révolution du 30 mars 1964. La dictature militaire le censure (1967), s’en prend à ses collaborateurs (assassinat du P. Enrique, 1969), l’interdit de médias (1970), fait barrage au Prix Nobel de la Paix (1973, 1974). Mise en œuvre de la lettre et de l’esprit du Concile : liturgie, gouvernance collégiale, œcuménisme, formation des prêtres, soutien aux Communautés ecclésiales de base (Rencontre de frères), commission diocésaine Justice et Paix...
Pour une Église « servante et pauvre » : du palais épiscopal à l’église des Fronteiras (12mars 1968). De travail pour les pauvres (Banque de la Providence de Recife, 1964) au travail avec les pauvres (Opération Espérance (1965). De la confiance aux politiques de « développement » à la mobilisation des sociétés civiles pour obtenir les réformes des structures injustes par la « pression morale libératrice » non violente (Action Justice et Paix, 1968). Plus de 70 voyages hors Brésil, sans compter Rome, 24 prix internationaux, 40 doctorats honoris causa pour « la voix des sans voix », le « prophète » d’un « monde plus respirable, plus juste et plus humain », l’héritier de Gandhi et de Martin Luther King.
A Recife (1985-1999), Dom José Cardoso Sobrinho étant archevêque.
Très longue Veille. Longue mais active :
Encore des voyages : 85, hors Brésil, jusqu’en 1994. Encore des initiatives de solidarité, de conscientisation et de promotion sociale : fondation et animation des Obras de Frei Francisco (devenues l’Instituto Dom Helder Camara – IDHeC), réalisation de communautés rurales (Taquari) et urbaines (Tururu), construction de la Casa de Frei Francisco, promotion d’une dernière utopie : la campagne de mobilisation ecclésiale et civile pour « l’An 2000 sans misère »… Quinze ans de grand silence devant les options et pratiques pastorales de son successeur. Le grand secret d’une ultime rencontre avec Dame Pauvreté…