Au Brésil

19/07/22
Association DHMA
rubon21

Le pays dans lequel naît Dom Helder est un vaste territoire (17 fois la France), profondément marqué par la colonisation portugaise et par l’esclavage : la population est majoritairement blanche et massivement catholique.

Les Noirs, descendants des esclaves amenés d’Afrique, représentent une part importante de la population et sont le plus souvent pauvres, ou très pauvres ; ils pratiquent une religion mêlée de christianisme et de rites traditionnels africains. Quant aux Indiens, ils ont été en grande partie éliminés par l’esclavage et les maladies des Blancs. 

C’est en 1932 que nait l’action intégraliste brésilienne, un mouvement politique d'inspiration fasciste, qui séduira pendant un temps Dom Helder. Fondé et dirigé par Plínio Salgado, le mouvement intégraliste est similaire en de nombreux points aux mouvements fascistes européens et notamment au fascisme italien, à la seule différence qu’il ne prêche pas la haine raciale. La doctrine intégraliste est résumée dans sa devise, « Dieu, Patrie et Famille ». 

En novembre 1937, Getulio Vargas fit dissoudre le Congrès et proclama une nouvelle constitution lui conférant un pouvoir absolu. Il réorganisa le gouvernement et l'administration du pays à l'exemple des régimes totalitaires italien et allemand. C’est l'« Estado Novo » (l'État nouveau), les partis politiques furent interdits, la presse soumise à une étroite censure.

Le retour de la démocratie (1945-1964)

 Vargas doit finalement abandonner le pouvoir en 1945. Mais il parvient à se faire réélire et revenir au pouvoir de 1951 à 1954, où - discrédité et acculé - il se suicide.

Le Brésil teste une période démocratique de 1945 à 1964. L'ancien gouverneur du Minas Gerais, Juscelino Kubitschek, remporta les élections présidentielles d'octobre 1955 avec le soutien des partisans de Vargas et des communistes. Sitôt sa prise de fonction, en janvier 1956, il annonce un ambitieux plan quinquennal de développement économique, suivi d'un emprunt auprès de banques américaines, d'un montant supérieur à 150 millions de dollars. C'est également à cette époque qu’est lancée la construction de la future capitale fédérale : Brasília.

De 1961 à 1964, le président João Goulart entreprend une politique de réforme sociale. Oligarchies traditionnelles et CIA manœuvrent pour provoquer sa chute.

Dictature militaire (1964-1985)

Tandis que, pour beaucoup, le coup d'État n'ouvrait que sur une remise en ordre anti-communiste provisoire du pays dans le contexte de la Guerre froide, les militaires vont se maintenir durablement au pouvoir.
Soutenu par les États-Unis, qui reconnaissent immédiatement le nouveau régime, le putsch de 1964 a été préparé par une longue imprégnation des officiers de l'armée brésilienne par la doctrine de sécurité nationale, qui attribue un rôle politique et administratif aux armées. La Constitution est suspendue, le Congrès dissout et le président s'arroge des pouvoirs dictatoriaux. Des escadrons de la mort sont mis en place par l'État pour traquer toute forme d'opposition. La période s'étendant de 1968 à 1974 est connue au Brésil sous le nom des années de plomb. C'est dans ce contexte que le général Ernest Geisel accéde au pouvoir en 1974.
À partir de 1978, des grèves s'organisent pour réclamer la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés. Les dirigeants sentant le vent tourner font adopter une loi d'amnistie en 1979 pour les prisonniers, les exilés mais aussi pour les tortionnaires.
En 1979, un autre militaire, João Baptista de Oliveira Figueiredo, succède à Geisel.

La fin de la dictature

Ce n’est finalement qu’en 1985 qu’est élu, Tancredo Neves, le premier président civil brésilien depuis vingt et un ans. Mais il meurt avant d'entrer en fonction. Le vice-président José Sarney le remplace. Confronté à un rebond de l'inflation et à une dette extérieure considérable, Sarney impose un programme d'austérité comprenant l'émission d'une nouvelle monnaie, le cruzado.

Pour affermir la démocratie, une nouvelle constitution entre en vigueur en octobre 1988. C'est dans le cadre de cette nouvelle constitution prévoyant l'élection du président au suffrage direct qu’est élu, en décembre 1989, Fernando Collor de Mello.

À la fin de 1994, les élections présidentielles voient la victoire de Fernando Henrique Cardoso qui prend ses fonctions le 1er janvier 1995. L'inflation est partiellement jugulée, le Brésil décolle économiquement malgré la subsistance de poches de pauvreté considérables. En octobre 1998, il est réélu dès le premier tour, malgré son adversaire Luis Inacio Lula da Silva, dit Lula, leader du Parti des travailleurs (PT).

Sous la présidence du PT (2003-2016)

Lula est élu en octobre 2002.  Il entre en fonction le 1er janvier 2003. Il lance la « Bolsa Familia », un programme d'allocations familiales considéré comme le principal pilier de sa politique de lutte contre la pauvreté. Le revenu des plus pauvres progresse de 14 % en 2004, la Bolsa Familia comptant selon les estimations pour les deux tiers de cette croissance. En 2004, il lance le programme des « pharmacies populaires », destinées à rendre accessible aux plus défavorisés les médicaments jugés essentiels. Il met en place le programme « Fome Zero » (Faim zéro), qui permet aux familles indigentes l’accès aux produits alimentaires de base, par le biais d’aides sociales. Au cours du premier mandat de Lula, la malnutrition infantile régresse de 46 %. Cependant, moins de deux ans après son arrivée au pouvoir, le PT s'embourbe dans un des plus vastes scandales de corruption qu'ait connus le pays. Dilma Rousseff lui succède à la présidence de la République le 1er janvier 2011.

lula da silva

La chute de Dilma et l’élection de Bolsonaro

L’augmentation des tarifs des autobus provoque de grandes manifestations en 2013, où l’on critique aussi les dépenses pour l’organisation de la coupe du monde de football en 2014 et les jeux olympiques de Rio 2016. Dilma Rousseff est réélue en octobre 2014. Son départ est réclamé lors de nouvelles manifestations massives en mars 2016. Le Sénat vote sa destitution le 31 août 2016. Lula emprisonné pour corruption est empêché de se présenter et, le 28 octobre 2018, le candidat d’extrême droite, ancien capitaine aux propos sexistes, homophobes et racistes, Jair Bolsonaro, s’impose au second tour avec 55 % des suffrages contre Fernando Haddad le candidat du PT qui a remplacé Lula au dernier moment. Les condamnations de ce dernier ont depuis été annulées par la Cour suprême, devant les soupçons de partialité et de collusion du juge et du procureur qui les avaient prononcées.

Le mandat de Bolsonaro, climato-sceptique, est marqué par la pandémie de Covid-19 durant laquelle il a pris des décisions plus que douteuses et tenu des propos jugés complotistes ainsi que par ses décisions qui font craindre le pire pour la protection de la forêt amazonienne.

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